Pression environnementale

« Le portrait de notre monde moderne montre une réalité qui a muté au fil des siècles, de la famille étendue à la famille nucléaire et enfin à l’individu seul. C’est un fait que la désaffection pour la communauté est parvenue à son apogée aujourd’hui : de plus en plus de gens vivent seuls.Il ne nous reste quasiment plus que notre peau comme frontière contre l’extérieur, contre les menaces, les troubles ou les attaques qui pourraient en venir. Pour parvenir à survivre dans ce vase clos, une seule et même personne doit combiner de multiples compétences (…). »

« Nous vivons dans un monde qui exige de chacun de nous son absolu maximum. »

K. F. Hempfling

Cette pression environnementale, nous la transmettons aux chevaux, comme toutes les émotions positives ou négatives qui nous bouleversent.

La société nous invite à entrer dans une quête de performance, en oubliant souvent l’instinct, l’intuition, le « vrai ». Passer un moment à être avec son cheval et simplement ressentir sa présence, son souffle… ça fait sourire. Mais ce n’est pas suffisamment démonstratif pour que d’autres y accordent de l’importance.

Ainsi, lorsqu’on est en quête de reconnaissance, on se sent obligé de montrer une palette de compétences, généralement au dépend de l’authenticité.

C’est perdre de vue l’incroyable privilège que les chevaux nous donnent : celui de pouvoir nous extraire de la pression du monde, de passer dans un espace hors du temps et des jugements, avec pour seul baromètre l’expression de cet être sublime.

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Chemin de vie

Nous ne sommes pas celui que nous étions quelques années auparavant, ni celui que nous serons dans quelques années.

Nous évoluons : même si parfois le chemin ressemble à une régression, il faut s’abstenir de juger mais de tenir compte du changement, tout simplement.

Nous sommes qui nous sommes à l’instant présent. Avec nos capacités présentes, notre degré de réceptivité actuel.

Il est donc tout à fait logique que nous n’ayons pas toujours les mêmes réponses de la part de nos chevaux, qui accompagnent bien des changements dans nos vie.

Ces êtres si sensibles aux émotions ne peuvent que réagir face à nos troubles passagers ou plus durables. Ils subissent nos changements d’attitude et de posture parfois totalement inconscients et ils peuvent se révolter de nous voir exiger les mêmes réponses tandis que notre langage corporel est réellement modifié.

Tant que l’humain est capable de remise en question, tant qu’il cherche l’intérêt de son cheval à travers ses interactions avec lui, il ne peut être jugé durement.
Car on ne peut pas toujours connaître le chemin de vie d’une personne qui l’amène à ce jour à manquer d’assurance, de tact, de prudence, de lucidité… Il s’agit d’un moment de sa vie parmi d’autres.

Rien ne sert de culpabiliser l’humain, qui n’en serait que plus maladroit par la suite. Au contraire, ces erreurs apparentes sont des témoins de son état émotionnel actuel.
Et c’est de ces observations, parfois avec de l’aide, que l’humain va pouvoir continuer le chemin de sa vie dans une direction plus en adéquation avec sa recherche.
Le cheval saura lui dire s’il est dans la bonne voie.

N’oublions pas que nous sommes condamnés à chercher toute notre vie et que rien n’est jamais gravé dans le marbre. Ni les actions jugées comme bonnes, ni celles jugées comme mauvaises.

Seuls l’acharnement et l’absence de remise en question sont à blâmer. Les erreurs, elles, ne sont que des étapes nécessaires à l’évolution du couple, au chemin de vie de l’humain… et du cheval.

Notion d’échec

« […]tant que le cavalier désapprouve l’expérience qu’il vit en la qualifiant d' »échec », il lui sera difficile d’utiliser cette situation comme déclencheur d’une progression.

C’est pourtant une opportunité !

C’est là où l’amour du cheval peut fournir l’énergie et le courage nécessaires pour aller au-delà des blocages, pour faire sauter les verrous et se remettre en question, pour trouver des solutions.

[…]Le blocage va devenir tremplin.

Le cavalier peut commencer à travailler sur lui-même, transcender les blessures psychologiques et les douleurs qui se cachent derrière les blocages réveillés par l’équitation (ou plus simplement par son cheval, ndlr). Il peut alors continuer à vivre sa passion en y prenant du plaisir. »

Bernard Chiris, S’épanouir à cheval

« […] ce que Joy appelait faire des fautes comportait ces attributs importants : évaluer la situation, localiser la résistance […] , chercher des alternatives […] , harmoniser les intentions et le langage corporel, perdre l’équilibre et le retrouver. »

Linda Kohanov, Le Tao du Cheval

« L’échec est le fondement de la réussite. »

Lao-Tseu, Livre du Tao et de sa vertu

Cheval miroir…

« – Mon premier instructeur n’a fait que m’enseigner la manière de contrôler mon cheval, mais Zip semblait toujours faire le contraire de ce que je lui demandais […] Il était si imprévisible que cela me rendait encore plus nerveuse. Au bout d’un certain temps, je n’étais qu’une boule de peur.

– Et si Zip ne faisait que mettre en pratique ce que vous ressentiez ? […] »

Le Tao du cheval, Linda Kohanov

Intention ou émotion

Un cheval se travaille dans l’intention et non dans l’émotion.

L’amour et la colère sont voisins, passer de l’un à l’autre est aisé pour une contrariété ou une autre. Travailler dans l’émotion mène donc à des réactions déconnectées de la réalité de la situation. Un exercice est proposé : « Cherche la solution! »

Et non : « Fais-moi plaisir, s’il te plait » ; qui mène rapidement à : « Je t’en veux, tu ne me rends pas l’amour que je te porte ».

L’intention est neutre : nous avons un objectif, nous nous y tenons. Avec patience, réactivité et le plus de calme possible. Il n’y a ni rancœur, ni trouble, ni excitation, ni peur.

Décontraction et musculation

« Le muscle est l’organe parlant de l’anxiété et par ce fait, le tonus musculaire est intimement lié aux variations de tensions psychologiques. »

« Le geste sportif idéal, est celui qui se déroule dans un bon état de confort moral ou psychique. »

source : Approche de la kinésithérapie du cheval, J.-M. Denoix et J.-P. Pailloux

Pour muscler un cheval à l’envers, rien de tel que la contention et la pression psychologique.

Si certains parviennent à obtenir des chevaux musculeux par la force, ils auront nécessairement nuit à leur intégrité physique (articulations, glandes, ligaments …) et psychique (cheval soumis à la douleur, abruti, ou en colère des années durant sous le regard ébahi des spectateurs, qui ne voient ni les queues qui fouaillent, ni les oreilles plaquées, ni les bouches crispées, ni les nuques fermées).