Depuis quelques années je croise beaucoup de propriétaires de jeunes chevaux à qui on a recommandé l’usage des rênes fixes pour travailler le loulou en longe.
Cet enrênement semble bénéficier d’une véritable bonne réputation, chose qui me semble absolument insensée… je vais tenter de m’expliquer.
Dans le cas d’une utilisation sur un mors :
Parce que fixées au surfaix et ayant une fonction encadrante, les rênes fixes ne peuvent être que positionnées basses. Donc l’action en bouche ne peut s’effectuer que sur les barres, chose non appréciable quand on cherche l’équilibre du cheval, l’engagement des postérieurs et l’élévation du garrot, en bref une attitude positive.
La main du cavalier étant absente, impossible d’adapter le contact selon les besoins du cheval (avancer légèrement les mains, faire vibrer les rênes pour décontracter mâchoire et nuque…). Le loulou va donc apprendre à se mettre en retrait par rapport au mors.
Selon comment elles sont réglées, la seule possibilité de venir en arrière du mors revient très vite à fermer l’angle tête-encolure, et voilà comment apprendre à un jeune à s’encapuchonner…
Si au contraire les rênes sont réglées longues, suffisamment pour que le cheval ait le chanfrein en avant de la verticale au pas, et bien quand il va faire sa transition montante au trot il va se compacter et donc perdre le contact dans la transition. Résultat : il a le droit à des à coups en bouche et apprend en même temps à fuir la main dans les transitions, on est bien loin du cheval qui apprend à livrer sa bouche 😉
Enfin combien de chevaux ont un mal fou à partir au galop en rênes fixes ? Tout simplement parce qu’ils ont besoin de s’étendre dans leur première foulée. Un cheval rassemblé n’aura certes pas ce souci, mais un jeune va tout simplement trouver la seule solution pour partir : se tordre tête à l’extérieure pour soulager son épaule interne et réussir à la passer malgré tout. On est loin du rôle du galop, qui étire tous les muscles côté extérieur et permet au cheval de s’assouplir : au contraire, on a un cheval qui se crispe dans le départ, généralement accompagné de sollicitations pas toujours cordiales de son humain, qui ne « voit pas pourquoi il ne part pas ».
Dans le cas d’une utilisation sur un side pull :
On évite dans ce cas les soucis avec la bouche, mais persistent ce problème de mettre le cheval sur les épaules et celui d’une perte de contact ou contact inadapté dans les transitions montantes.
En bref les rênes fixes sur un jeune, à mon sens, c’est à proscrire purement et simplement… même si ça donne une « jolie » attitude à votre élève…
C’est si bien dit ! 😀
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